Une approche en mille temps

La plus longue approche que j'ai faite, en 1 000 temps... Bon, pas mille, mais en tous cas approche différente de beaucoup d’autres. Souvent, j’approche avec plus ou moins de succès, tout le monde se sauve et au revoir. Assez souvent aussi, j’approche une fois, ils se sauvent à 200-300-500m, je les rapproche, et au revoir.

Ce 23 Mars 2014, il y a eu plus d’étapes que d’habitude.

Temps 1 : 9h18 : première photo de 5 chevreuils d’un groupe de 10. Première photo :

Merci Google earth !!!

Bon en fait , je suis au point 0, les chevreuils au point 1, assez loin, un peu plus de 200 m, ça ne casse rien, inutile de poster. J’attends qu’ils s’arrêtent. Pas envie de ramper s’ils décident de se sauver.

Temps 2 : 5 mn plus tard, il y a deux brocards qui se provoquent. Ça dure 2-3 minutes, et puis ils vont se séparer, entrainant une explosion de la harde.

Un des brocards s’éloigne de moi avec deux chevrettes dans le bas de l’image.

Les sept autres ont l’air de rester là.

Temps 3 : je commence à ramper. Je fais environ 100 m ; les sept se séparent :
Deux brocards avec une chevrette restent au même endroit, point1.
Une chevrette seule se rapproche de moi et vient se coucher pas trop loin de moi : point 2.

« Ma fratrie » est environ entre ces deux « groupes ». « Ma fratrie » car cette chevrette avec ces deux petits, deux petits brocards, je les ai mitraillés :
-Une première fois la semaine avant, le 16 : 3h d’approche pour 500 photos dont les plus belles à 20-30m…
-Une seconde fois la veille, le 22 : approche bof, bof ; ils ont eu peur au bout d’une heure et 40 photos.
-Une troisième fois ce 23
-Une quatrième le 29 : approche quasi loupée.

Je pourrais approcher la chevrette seule plus près de moi ; mais je suis plus attiré par les deux brocards. Et je me dis aussi que si je l’approche et que je lui fais peur, elle risque de partir et d’entrainer avec elle les deux brocards. Je continue de ramper vers les deux brocards.

Temps 4 : je commence à arriver à bonne distance des deux brocards,
10h 28, 70 mn depuis la première photo, première à peine correcte:

1 mn plus tard, je suis un peu plus prés, je mitraille un peu, mais ça reste un peu loin quand même :

Temps 5 : pendant ce temps-là, « ma fratrie » revient avec les deux brocards.

6 sujets au lieu de 3, c’est bon !!! par contre les deux petits sont aussi encore un peu loin.

Temps 6 : contre temps ; la chevrette seule qui me voyait de côté, et toute la longueur de mon corps, commence à trouver bizarre et vient aux nouvelles :

Elle tourne autour de moi pour passer sou mon vent ; évidemment elle se sauve, mais coup de chance, dans la direction opposée des 6 autres qui ne bougent pas.


Temps 7 : je me reconcentre sur les 6 autres. Photos correctes mais pas extraordinaires.
Ou il y a plusieurs animaux sur la photo dont certains pas nets, ou c’est un peu loin.

J’arrive à prendre un des deux brocards.

On peut voir que le cadrage diffère : je tourne pour avoir l’autre un peu plus près et tout seul. Je tourne de trop…. Le temps 8 se termine

Temps 8

Le brocard se lève et va se sauver entraînant toute la troupe. Mais j’ai le temps de cartonner et de faire un paquet de photos bien. Car tout le monde va défiler devant moi.

Le brocard aux bois blancs d’abord :

Le beau :

Et le menu frottin….

L’approche est considérée comme réussie, mais si je peux encore shooter un peu, je vais pas m’en priver.

Rappel :

Temps 9
Commence une période de 1h 30 presque , (temps 9 + 10) un peu creuse ou je vais être pas trop près d’eux.

Ils remontent de l’autre côté (un peu à gauche du point 2) jusqu’au colza, moi à leurs trousses , quelques photos ordinaires :

Ils continuent à remonter jusqu'au colza; je reste assez loin, ne pas brusquer les choses :

Temps 10 : les 6 redescendent un peu et vont se séparer :
Les deux brocards avec la chevrette vont longer le versant pendant 20 mn ;

je prie pour qu’ils s’arrêtent ; mais tintin, ils remontent vers le colza, vers le point 0 de mon départ ou ils disparaissent.

La chevrette et les deux petits brocards remontent un peu.

J’ai peur qu’ils disparaissent aussi dans le colza, mais coup de chance, la chevrette avec ses deux petits va finir par redescendre

et aller se coucher dans le champ à coté pas trop loin, juste 200-300 m, Point 3 Trio couché.

Temps 11 ; je rampe vers eux. Vers eux qui sont « proches » ; vers aussi le brocard du début avec deux chevrettes qui sont à 500-600 m, dans le champ à gauche à coté du point « 6 fin ». J’arrive rapidement à distance correcte des deux petits brocards avec leur mère; je recommence une séance photos. Au début autant pour me reposer un peu et les laisser s’habituer à moi que pour vraiment les photos ; je suis un peu loin, et c’est bien parce que c’est pas courant de voir un chevreuil bailler que je la mets…

Je continue d’approcher.

Temps 12 : contre-temps ; une des deux chevrettes que je voyais avec le brocard à 500-600 m est entrain de venir au trot dans ma direction. Il y a des ha et des ha tout autour, mais elle vient droit sur moi. Je commence à shooter :

Je ne bouge pas d’un millimètre. Elle continue à se rapprocher ; elle entend le clic-clac de l’appareil, mais sans deviner d’où ça vient ! elle ne cesse de regarder un peu partout sauf le truc bizarre allongé dans le champ :

Elle voit quand même bien qu’il y a quelque chose de pas normal :

Elle me contourne

et finit par arriver sous mon vent, et file :

Je continue d’approcher la mère et ses deux petits. J'arrive à bonne distance pour faire des photos, encore un peu loin, mais à peu prés correctes :

Temps 13 ; j’arrive à bonne distance:

Un peu trop près au gout de la chevrette qui se lève :

Se sauve :

Je crains que les trois ne se sauvent aussi. Finalement non, elle va juste aller s’isoler à une soixantaine de mètres :

Les deux petits vont rester là et je vais rester 45 mn à leurs coté à faire des dizaines de photos qui méritent le déplacement. Je n’en ai pas fait des milliers non plus, car ça quand ils ne bougent pas, ça devient vite répétitif.

Pot pourri des plus belles ; ils s’étaient, levés recouchés, à vrai dire, je ne me rappelle plus trop dans quel ordre!

Evidemment, ils me donnent l'occasion de faire quelques photos "traditionnelles"; la charge :

Ce n'est en fait qu'un grattage, pour préparer la couchette, dans laquelle il va se coucher. 

Coucher, que je n'ai pas pris aprés ce grattage; mais que j'avais pris 20 mn avant ; avec la génuflexion associée:

La toilette



Le tirage de langue :



Le secouage

Le petit pipi :

Et le petit caca en partant, et en s’étirant pour l’autre :

Et enfin, une image assemblée de 13 en pleine rumination ; ou on voit le mouvement de la panse , et la nourriture partir de celle là, remonter par la gorge jusqu’à la gueule.

Temps 14 : Ils vont aller rejoindre leur mère



Mais celle-ci va se sauver rapidement dés que j’arrive :

Les petits vont la suivre peu après :

juste le temps d’une photo anecdotique :

On se demande comment il fait pour tenir debout ; en fait, il ne va pas tenir debout, et se vautrer à moitié ; mais pas mis dans la boite

14h14, je rampe derrière depuis 9h18, soit 5h !

j’en suis déjà à 650 photos ; inutile de dire que je suis déjà plus que satisfait ; mais j n’en ai jamais assez.

Rappel:

J'étais au point 3.
La mère et ses deux petits se sauvent à 150 m ; point 4 sur la carte, trio parti. Je pourrais les suivre un peu, mais j’ai déjà pas mal cartonné, et j’ai surtout deux autres chevreuils dont un brocard qui se trouvent maintenant à peu prés à la même distance , point 5 duo + trio. Le brocard m’attire un peu ; me voilà donc reparti vers ce point 5.

Temps 15 

A un moment, je commence un peu à regretter , une averse de tous les diables me tombe sur le dos ; je crains surtout pour le matos que j’essaie de protéger sous moi, en attendant que ça passe ; ça finit par passer, rapidement, 20 mn après:

Temps 16 : je suis entrain de shooter ce magnifique brocard :

???????????????????????????????????????


Ceux qui ont suivi,(s’il y en a….   ) ne doivent pas comprendre, ou pensent que je fais erreur ; je parle d’un brocard, et sur la photo , ça ressemble à la mère et les deux petits qui sont sensés être partis au point 4.

En fait pendant l’averse et pendant que j’attendais la tête face contre terre, (reposer un peu les cervicales... ) la chevrette avec les deux petits brocards sont venus retrouver le groupe de deux que j’étais entrain d’approcher ; quand j’ai relevé la tête une petite harde de 5 s’était reconstituée ; il y a vraiment des jours ou ça veut le faire !!!


Le fameux brocard , encore un peu loin :

Et le restant ; best of des meilleures :

Plein de photos qui valent la peine ; mais j’en ai jamais assez, il faut que je me rapproche toujours et encore ; d’autant plus que j’ai le soleil en pleine g….e , heu en plein objectif, et du coup c’est pas facile à gérer avec le ciel en fond. A vrai dire, en prenant toutes ces photos, je commence un peu à m’énerver car j’ai le sentiment que ça va être à moitié foiré. Et je serai très agréablement surpris de constater sur le PC que tout ou quasi est d’excellente qualité. Mais en prenant, je suis un peu pessimiste et il faut donc que j’augmente la qualité et que je me rapproche donc :

La pluie qui est tombée va me donner l’occasion de varier un peu les attitudes :

Et on retrouve toujours les mêmes séquences de toilettage :

Toujours la même chose! 
faut que je me rapproche du brocard …. Un peu trop, il se lève 

Pour un début de fuite :

Avec toute la harde, mais pas dans l’affolement ; en fait, c’est pas de fuite dont il s’agit, juste d’un déplacement :

En prenant le temps de refaire un peu de toilette :

Une vérif de plus du danger :

Mais comme d’habitude ce jour pas de fuite désordonnée :

Et puis quand même, ils vont partir, avec le traditionnel petit pipi pour l’un:

Le frangin, commence à se trouver bien seul :

Et se sauve aussi :

Avec un arrêt essorage :

Ça y est , ils sont tous partis, fin, enfin pour l'instant. Car si ça fait déjà presque 6h que je rampe derrière eux, pour 778 photos, on pourrait croire que j’ai eu ma dose ; mais j’ai toujours un peu de mal à lâcher le morceau…

et avec 778 photos, il y a de quoi être content ; je le suis. Pourtant, je suis pas des plus zen à cet instant ; certes je sais que niveau photo, il doit y en avoir quelques unes de potables sur la carte. Mais je suis un peu pessimiste (à tort) sur la dernière série; et comme souvent, je n'ai que ça en tête. Je suis aussi un peu énervé car j’ai perdu mon téléphone (assez récent) avant l’averse, et je crains de ne pas le retrouver ; ou surtout de le retrouver HS ! ça me saoule un peu.

Temps 17 j’attends donc que les chevreuils soient définitivement partis pour me relever et me sauver ; ils s’éloignent doucement. Au bout de 3 minutes, ils sont en haut de cote :

Ils n’ont plus que quelques dizaines de mètres à faire pour sortir de ma vue, et surtout donc pour que moi, je puisse me lever sans qu’ils ne me voient. Car oui, je ne veux jamais qu’ils ne me voient et fassent le rapprochement entre le truc qu’ils ont vu et un être humain.
Un peu par principe, pas les déranger, un vrai photographe animalier ne dérange pas ses sujets ; dans le cas de ces chevreuils, pas certain que ce soit dramatique, mais bon…
Un peu aussi pour le même principe de ne pas les déranger, mais plus pour les remercier de ce qu’ils m’ont donné ; je ne vais pas leur faire peur pour les récompenser…
Un peu par vanité ; pour être plus malin qu’eux jusqu’au bout. les arguments jusqu'ici... Bon j'ai quand même une "bonne" raison:
Un peu par intérêt donc; pas me griller pour une future approche

Bref, j’attends.

Sauf que 20 mn après, je suis toujours entrain d’attendre ; ça commence à me saouler sérieusement. Mais j’ai mes principes ; pas déranger. Et évidemment pas moyen de sortir de leur vue, sauf à ramper au moins 200 m. Finalement, ils se recouchent, et comme ils ne sont pas si loin que ça, je me dis qu’une petite approche ne ferait de mal à personne… temps 18 : me voilà reparti à leurs trousses.

J’approche quand même beaucoup plus rapidement que d’habitude, et 45 mn après la dernière photo, débute le temps 19, première photos correcte :

J’ai quand même encore le soleil pleine face, je les contourne par la droite pour l’avoir moins de face. J’ai été un peu trop rapide. Ils se lèvent :

Et c’est fini ; ils disparaissent de ma vue.

JE ME LEVE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ENFIN !!!!!!!!!!!!!!!

Fin de la plus longue approche que j’ai jamais faite. Ça fait 6h40 que je rampe derrière eux et que je n’avais pas connu la position normale de l’Homo erectus ; ça fait du bien de marcher ! surtout après avoir fait 1km en rampant (1090 m si j’en crois Google earth ; mais bon c’est de l’à peu prés…)

J’en suis aussi à 805 photos ; pas l’approche la plus prolifique,(presque) mais c’est sur que je vais pas me plaindre.

Je commence à refaire mon approche en sens inverse, et après quelques dizaines de m je revois mes chevreuils relativement proches, à 150 m à peine qui me regardent ; je pourrai recontinuer, mais là, fini je n’ai plus le temps, ni trop envie je dois dire.

5 mn après je retrouve mon portable qui marche impec ; je retrouve un sourire jusqu’aux oreilles. Et je retourne vers la civilisation.